Partager la publication "Un an après mon voyage à la Silicon Valley (TechWomen)"
Hier, cela a fait un an jour pour jour que j’ai mis pieds aux Etats-Unis pour la première fois. C’était dans le cadre du programme d’échange du gouvernement américain appelé TechWomen et que j’évoque dans cet article. Il s’agit d’un programme dédié aux femmes évoluant dans le domaine des STEM en Afrique, Moyen-Orient et Asie Centrale. Aujourd’hui, un an après… Que suis-je devenue ? Un an après, comment ce programme a influencé mon parcours ? Comment j’applique les leçons apprises aujourd’hui au Cameroun ou autour de moi ? Je vous en parle dans les lignes qui suivent…
Etant donné que le programme est relatif à la Technologie, c’est un peu naturel que TechWomen se passe en Californie, précisément entre San Francisco et ses environs (Sunnyvale, Mountain View, Palo Alto, etc). J’allais donc passer 5 semaines à Sunnyvale, incluant 3 semaines de stage professionnel à GoDaddy dont les bureaux étaient aussi à Sunnyvale. Ce fut une période riche en émotions mais aussi en apprentissage. Je me rappelle qu’à la fin du programme, tout comme à mon retour au pays 2 mois après, plusieurs personnes m’ont demandé ce que j’avais appris de cette expérience et de mon séjour en Californie, ce que je pouvais transmettre aux filles et femmes intéressées par la Technologie. Autant de questions dont il m’a fallu du temps et du recul pour pouvoir y répondre. Un an après, au moment où la prochaine cohorte des « TechWomen » s’apprête à voyager pour vivre l’édition de cette année. J’ai pensé que c’était aussi le moment pour moi de partager avec vous ce que j’ai appris, et un peu de ce que j’ai gagné de mon expérience TechWomen en 2018.

En lunettes, Valerie (Une amie zimbabwéenne rencontrée lors du programme) et moi (derrière) notre 1er Jour à Sunnyvale, Californie, USA.
Cinq semaines en Californie. Cinq semaines plongée au milieu de ceux qui dirigent la Technologie dans le monde. Cinq semaines de visites et découvertes dans les grandes entreprises Technologiques (Google, Salesforce, LinkedIn, Twitter, Symantec, Juniper, Autodesk, etc). Cinq semaines où j’ai surtout dû en apprendre sur moi-même. Cinq semaines pendant lesquelles ma vision des choses a quelque peu changé. Cinq semaines que je vais essayer de vous résumer par 5 choses que j’ai tirées de ce programme et que voici :
1. L’importance d’avoir un mentor
Avant TechWomen je n’avais jamais expérimenté ce que c’est que de se faire accompagner par un « mentor ». C’est pendant mon séjour à GoDaddy que ce mot à pris toute sa signification. Dans le cadre du programme, Maya Bisineer et Shradha Balakrishnan, deux indiennes travaillant à GoDaddy, respectivement aux postes de Director, Product Management et Senior Product Manager à GoDaddy m’ont choisi pour être leur mentee. Le 1er choc a été d’avoir non pas un mais deux mentors. Le 2ème choc était du fait qu’elles étaient toutes les deux indiennes. C’était la première fois pour moi de travailler avec des indiens et j’étais un peu paniquée. Je ne savais pas à quoi m’attendre, surtout vu la différence de culture. Bref, j’appréhendais vraiment.
Pendant mon séjour à Godaddy, elles ont été d’un grand support. Elles m’ont fait rencontrer des gens, trouver des places pour des conférences (comme Launch). Elles m’ont même arrangé une session de pitch avec la Team Aquisition de GoDaddy (celle qui s’occupe des acquisitions et rachat d’entreprises/startup pour GoDaddy) devant laquelle j’ai pu présenter un de mes projets. Au-delà de cela, chacune d’elle a été d’un apport particulier. Maya, c’était le côté professionnel par du business et product development. Je me rappelle encore de comment Maya, étant le plus gradée, a pris 2 à trois après-midis pour décortiquer mon projet Snuggig que je présente ici. Elle a tailladé cela au tableau, c’était monstre ! Lol ! C’était comme quelque chose qu’on découpait en petits morceaux, lol ! Cela faisait mal mais ça m’a aidé à mieux comprendre comment développer ma plateforme, surtout qu’elle m’avait donné quelques recommandations après. Shradha quant à elle, a été plus d’un appui moral et psychologique. Je suis arrivée aux Etats-Unis confiante, sûre que mon intégration se ferait de manière naturelle, mais ça été malheureusement très difficile. Je me suis repliée sur moi-même face au flux de choses que je devais absorber et gérer pendant le programme. Je subissais une certaine pression externe sur une affaire familiale et pour couronner le tout, je vivais une grosse déception amoureuse qu’il fallait masquer et gérer en solo. A un moment, je n’en pouvais plus. Je voulais juste rentrer et j’ai finalement craqué… Shradha a été là. J’étais psychologiquement down, éreintée. Je pense que Shradha a été autant surprise que moi de me voir dans cet état. Elle m’a posé des questions, on a discuté, elle m’a réconforté. A partir de là, je vous assure mon attitude a changé. J’étais plus ouverte, plus à l’aise désormais. Malheureusement c’était déjà vers la fin du programme, je ne pouvais plus rattraper le temps passé.

De la gauche vers les droite: Maya, Shradha et moi.
En 3 semaines, elles ont fait ce qu’elles ont pu pour me tenir la main. Littéralement. Encore que le mentoring demande du temps, d’attention et de l’investissement humain de la part des mentors. C’est aussi l’occasion de faire un autre clin d’œil à un autre mentor du programme TechWomen, Ivonne Mejia. I am grateful.
2. L’envie de plus gros challenges
Il n’y a rien à dire, évoluer dans un environnement stimulant vous donne envie de vous dépasser, d’en vouloir (encore) plus. Je l’ai profondément ressenti à mon retour au pays. Quand tu vis dans un environnement aussi dynamique, tu as l’impression de rentrer avec des supers pouvoirs, lol ! Je comprends mieux pourquoi les repats (ceux de la diaspora qui décident de rentrer en Afrique pour un projet professionnel) reviennent avec en pensant qu’ils vont seulement changer le monde pays, révolutionner les choses en Afrique. Avant cela m’énervait, mais aujourd’hui cela me fait rire, d’autant plus que ces personnes rentrent très loin des réalités du pays malgré l’énergie et la volonté inculquée en Occident.
Je suis rentrée des Etats-Unis en Novembre 2018. Quatre mois après, je ressentais de plus en plus un malaise. Quatre autres mois plus tard (soit 08 mois après mon retour), je démissionnais de l’incubateur dans lequel je travaillais. Tout simplement parce que j’en voulais plus… Plus de (nouveaux) challenges, plus de responsabilités, plus de changements, plus de résultats, plus d’impact. Me consacrer à mes projets m’offrait cette possibilité, et je ne le regrette pas du tout. C’est certes difficile, surtout maintenant que je revêts entièrement ma casquette d’entrepreneure. A vrai dire, c’est même actuellement que je découvre ce que c’est que l’entrepreneuriat (au-delà de payer des impôts, lol). C’est toute une école qui me permet tout de même de me challenger tout en trouvant un certain équilibre personnel. Aujourd’hui, je travaille à temps plein à développer mon entreprise EN Group, (même si je reste ouverte aux opportunités d’emploi, on ne sait jamais). EN Group est spécialisée dans les services d’accompagnement en :
– Communication digitale (Formation, Marketing d’influence, stratégies digitale, etc)
– Développement communautaire (programmes communautaires, vieille digitale, etc)
Plus d’informations, sur les flyers ci-dessous…
3. Le Cameroun a des leçons à donner en termes de Leadership féminin dans la Technologie
Je me rappelle encore de la surprise de mes mentors à GoDaddy quand je leur disais fièrement que dans mon pays, la Technologie est dirigée par les femmes. Je prenais un malin plaisir à citer les femmes qui marquaient la scène Tech au Cameroun. Que ce soit :
- Notre Ministre des Postes et Télécommunication (MINPOSTEL) : Minette Libom Li Likeng
- La précédente DG d’Orange Cameroun : Elisabeth Medou Badang
- La précédente DG de MTN Cameroun : Philisiwe Sibiya
- Notre Ministre de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI) : Dr Madeleine Tchuinte
- Et pour finir, la femme africaine la plus influente dans la Tech en Afrique est devinez quoi ? Camerounaise ! En la personne de la lady Rebecca Enonchong.
Encore que je ne parle même pas de celles qui font briller le Cameroun au niveau continental et même international. Que ce soit Fadimatou Noutchemo, Monique Ntumngia, Danielle Akini, Arielle Kitio, etc. So for real, put some respect on Cameroon when it comes to Women in Tech. Je pense que ceci est un avantage assez considérable pour le Cameroun, pour permettre plus de participation et d’impact des femmes dans le domaine de la Technologie en Afrique et pas seulement. Lors de mes entretiens et visites à la Silicon Valley, j’ai eu l’impression que c’était vraiment un problème communautaire de ce côté-là. Autant, il n’y a pas assez de noirs représentés dans cette partie du globe, autant les femmes ont du mal à accéder à des hauts postes de responsabilités. Maintenant il nous faut plus de femmes camerounaises dans les startup Tech, qui développent des solutions, qui lèvent des fonds, etc…
4. Be Global
Mon voyage m’a fait comprendre à quel point on se limitait trop géographiquement. Il ne faut pas avoir peur de sortir de zone de confort. Et dans mon cas, je l’applique à travers le slogan « Build local, think global ». J’avais déjà commencé à m’approprier cette expression depuis 2017. Jusqu’ici, elle me le rend plutôt bien. Alors, avec TechWomen, j’ai décidé d’appliquer ce slogan de façon plus poussée. La Technologie permet de casser tellement de barrières. Je me demande si au Cameroun nous en sommes suffisamment conscients. Par exemple, combien de freelancers pensent à s’enregistrer sur freelancer.com ou fiverr.com afin de proposer leurs services au monde ? Bien sûr, les moyens de paiement restent un problème majeur au Cameroun, mais certains parviennent à trouver des solutions, au moins ça pousse à la réflexion. Ou encore, combien d’artisans pensent à utiliser des plateformes comme afrikrea.com ou Amazon (ou encore Amazon Craft), bien sûr là encore il y a sans doute un problème de logistique. Mais si déjà on ignore les possibilités qui s’offrent à nous pour faire partie de ce village planétaire poussé par la « Mondialisation », comment peut-on donc en parler pour faire bouger les choses ?
Une fois, j’ai assisté à une conférence de l’ANTIC à Douala en début d’année. Bien sûr vu qu’ils évoquaient l’économie numérique, je n’ai pas manqué de leur demander comment ça se faisait qu’on ne puisse toujours pas faire de retraits avec un compte PayPal au Cameroun. La dame qui représentait cette institution a répondu en disant qu’elle ne comprenait pas ma question puisque Paypal marche bien au Cameroun, qu’elle avait un compte Paypal qu’elle utilisait par un compte bancaire qu’elle avait ouvert en France… Like ? Ouvert en France, lol ! Ok, vous n’avez pas de compte au Cameroun ? Vous avez déjà essayé de faire un retrait paypal lié à un compte bancaire domicilié au Cameroun ? Actuellement, ce n’est pas (encore) possible. Justement, si nous les citoyens lambda ne voyons pas loin, si on n’intègre pas les opportunités internationales dans notre façon de faire, on passe à côté de beaucoup de choses. Qui pourra donc faire comprendre aux uns et aux autres ce que l’on rate dans cette ère de digitalisation (supposée nous faciliter la vie) ?
5. Avoir/Donner l’opportunité
« Tu as passé 05 semaines aux Etats-Unis pour TechWomen, tu as gagné quoi ? Quelles sont les opportunités que tu as eu là-bas ? » Lol ! J’avoue que c’est une question que j’avais déjà à l’esprit sans qu’on ait à me le demander. En préparant mon voyage, j’étais déjà l’optique qu’il fallait que je rentre avec une affaire, une opportunité business. Sauf qu’aux Etats-Unis, tout est grand, tout est gros ! En commençant même les portions de repas! Pour vous dire qu’il ne suffit pas d’aller en disant je veux faire du business d’ailleurs la mentalité capitaliste est très ancré à la Silicon Valley. Mais il faut il y aller avec de gros chiffres. Vous voulez faire affaire, quels sont vos chiffres ? Qu’avez-vous à offrir ?
Dans mon cas, j’ai eu de la chance, je dois le dire. Je savais que je devais rentrer avec une opportunité d’affaire avec GoDaddy, mais je ne savais pas encore comment, ni pour quel service. A la fin de mon séjour, j’ai eu la surprise non seulement de recevoir un nom de domaine gratuit (www.we-tech.org) que j’utilise aujourd’hui comme nom de domaine de mon initiative « WETECH : Women in Entrepreneurship and Technology ». En plus, j’ai reçu un compte de Reseller de GoDaddy. En d’autres termes, je revends les services et produits de GoDaddy avec une marge bénéficiaire. Vous pouvez d’ailleurs acheter à tout moment votre hébergement web, noms de domaines, adresses e-mails professionnelles, etc, sur ma page disponible en cliquant ICI.
Malheureusement avec certains blocages au Cameroun, notamment sur les moyens de paiement, j’avoue que je ne profite pas encore de cette opportunité. Toutefois j’ai appris aussi pas mal de choses à GoDaddyà travers l’équipe au sein de laquelle je travaillais. Je vous en parlerai très bientôt dans un prochain article. Ceci est juste pour vous donner une idée, que pas mal de choses sont possibles en 5 ou 3 semaines. Je me souviens aussi qu’une des Fellows 2018 originaire de Jordanie je pense, avait eu une proposition de travail à l’Université de Stanford. Oui, Stanford, la prestigieuse université américaine classée parmi les meilleures au monde. Aux Etats-Unis, tout est possible… Les opportunités semblent être plus faciles à obtenir à travers la Technologie. Du moins, c’est vraiment cette impression que je garde de mon séjour vis-à-vis du programme TechWomen. Mais il faut être assez préparée pour pouvoir en profiter.
Pour conclure, je dirai que les 5 points évoqués dans cet article, déterminent aujourd’hui la plupart de mes initiatives, du moins celles sociales et communautaires. Cela est palpable avec la communauté WETECH que j’ai fondée, et qui se base sur le développement des femmes à travers l’Entrepreneuriat et la Technologie. Nous leur donnons accès aux ressources, opportunités, formations dans un esprit de mentoring et de leadership marquant leur développement personnel et professionnel. Actuellement, nous avons le programme WETECH WIC (Women In Code) qui est une formation gratuite permettant aux femmes d’apprendre à coder. Voilà un cas pratique de ce que j’ai retenu de mon voyage aux Etats-Unis dans le cadre du programme Techwomen, un après. Vous pouvez en savoir plus sur WETECH (Women in Entrepreneurship and Technology), en visitant notre site web www.we-tech.org, en vous inscrivant comme membre (uniquement ouvert aux femmes), ou comme mentors (hommes et femmes avec une expérience significative dans les domaines de la Technologie, de l’Entrepreneuriat ou du Management). Il y a encore quelques projets dans le pipeline, que vous découvrirez le moment venu.
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Très belle expérience et un article intéressant.
Beaucoup de courage pour la suite
Beau partage. Et oui je pense aussi que l’un de nos freins c’est que nous ne sommes pas au fait des opportunités. Donc merci pour cet article. Et bon courage pour tous ces projets.
L’article est top. Ce partage d’expérience est très inspirant.
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