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L’entrepreneuriat numérique au Sénégal, un écosystème qui séduit

Les Marches d'Elodie - Dakar Policy Hackathon - Tech Hubs - Policyi

« Mince! L’entrepreneuriat numérique doit bien payer ici! ». Voilà la première chose que je me suis dite lorsque je me suis installée dans la salle de réunion de JokkoLabs, au moment de commencer la séance de préparation du Dakar Policy Hackathon. C’était un Mercredi 18 Juillet 2018 à Dakar.

 

Meeting - Ecosystème Technologie - Entrepreneuriat - Sénégal - Les Marches d'Elodie

A la réunion de préparation du Dakar Policy Hackathon – Credit Photo: Dakar Policy Hackathon

 

 

Du 17 au 21 Juillet, j’ai passé un agréable séjour au Sénégal pour le compte du Dakar Policy Hackathon. Un événement pour lequel je faisais partie de la délégation de représentants de centres d’innovation, à titre d’observatrice, pour le compte d’ActivSpaces. Un voyage très court, mais au cours duquel j’ai pu me faire une petite idée de l’écosystème Tech et entrepreneurial sénégalais. Dans cet article, il s’agit de partager avec vous mes premières impressions dégagées lors des différentes activités que nous avons eu au programme pendant ces 3 jours d’immersion à Dakar.

 

 

 

Mais revenons à la 1ère journée de travail à JokkoLabs… Ce matin-là, l’on se retrouvait près d’une quinzaine à venir du Sénégal, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria, du Ghana, du Kenya, du Rwanda, du Niger et même de Madagascar. Pendant les présentations durant le tour de table, si je connaissais déjà la plupart des personnes présentes que j’avais déjà rencontrée lors de mon voyage à Kigali. Sur les 7 hommes du groupe, il y en avait 3 qui étaient sénégalais vivant au Sénégal. Grands de taille, teints foncés, suavement pour ne pas dire parfaitement bilingues, très posés, éloquents, pleins d’assurance, on sentait bien qu’on avait à  faire des personnes d’une classe sociale assez aisée. Il n’y avait aucun de doute de ce côté… Les gars étaient à l’aise et ça se voyait. Surtout que plus tard, cette image d’hommes mais aussi des femmes travaillant dans le secteur de l’entrepreneuriat numérique fut confortée aux sons des alarmes débloquant les portières des voitures 4×4 luisantes et berlines que conduisaient ces derniers. D’ailleurs, les autres participant(e)s en ont clairement fait la même remarque. A partir de là, le voyage devenait encore plus intéressant…

 

 Douala Policy Hackathon - Les Marches d'Elodie

Credit Photo: Douala Policy Hackathon

 

Si cette première impression (à un échantillon très très très réduit, je l’avoue) fut positive, le reste de la journée et du séjour m’a tout de même permis de relever quelques éléments caractérisant le mouvement entrepreneurial numérique à Dakar. Parfois de belles différences avec notre écosystème camerounais, parfois des similitudes, qui bien sûr ne restent que des observations au premier regard extérieur de ce que j’ai pu voir durant mon voyage.  Ainsi, au-delà du fait que la Technologie et l’Entrepreneuriat numérique au Sénégal semblent bien nourrir son homme, il en ressort principalement les aspects suivants:

 

  • Un gouvernement qui semble plus accessible, à l’écoute et ouvert aux collaborations avec l’écosystème

On ne peut pas vraiment en dire autant du Cameroun, même s’il y a tout de même une volonté du gouvernement à soutenir l’entrepreneuriat et le numérique. Je pense humblement que l’on pourrait mieux faire surtout en termes de collaborations et partenariats directs avec le gouvernement. Malheureusement, on dirait qu’au Cameroun, nous restons suspendus à l’ère des conférences et des concours sans réel impact perceptible de ce que tout cela a pu produire. J’ai par exemple été surprise de la rapidité avec laquelle le gouvernement sénégalais a été réceptif à l’initiative i4Policy pour le Dakar Policy Hackathon. Je me rappelle encore que c’était en Mai 2018 que l’équipe i4Policy nous (Tech Hubs en Afrique) invitait pour nous faire part du projet. Un mois après (Juin 2018), la représentante pour le Sénégal et i4Policy étaient reçus au Ministère de la Communication et des Télécommunications du Sénégal et un autre mois après (Juillet 2018), le Dakar Policy Hackathon fut organisé. Il n’y a rien dire… Chapeau bas!

 

  • Un écosystème pas si interactif et solidaire que cela

Jusque là c’est beau, n’est-ce pas? Pourtant il devrait bien y avoir quelque chose pour nous ramener à la dure réalité. Et l’une de ces choses, je l’ai perçu à la fin de la première journée de travail. J’ai descellé des signes de division, ou de mésentente dans l’écosystème, par rapport aux Structures d’Accompagnement à l’Entrepreneuriat Innovant (SAEI). Même si pendant notre séjour, nous avons pu nous rendre dans certaines de ces structures, il a suffit de quelques mots déclarés par des panélistes à une conférence pour comprendre qu’une entité (que je ne citerai pas) faisait tâche. Autre chose aussi, pendant les différentes activités, l’on ressentait bien qu’il y avait des groupes (expatriés, entrepreneurs, etc) bien distincts qui n’avaient vraiment pas l’habitude de se côtoyer dans l’écosystème. Je n’ai non plus pas senti la présence ou participation, de blogueurs, de journalistes par exemple. Sur ce coup, on a quand même un bon point, je dirai même une bonne longueur d’avance. Au Cameroun, on a quand même une communauté un peu plus soudée. Et surtout un écosystème ouvert et plus inclusif par rapport à ce que j’ai pu observer à Dakar. Et ça se ressent même dans l’aménagement des structures que nous avons pu visiter. Si elles sont mieux aménagées que la plupart des espaces de coworking par exemple au Cameroun, à Dakar ça reste très séparé, avec assez barrières, très bureaucrate, on dirait qu’ils n’ont pas « l’esprit » Open Space comme chez nous et ailleurs.

 

  • Des acteurs locaux qui influencent et se développent à l’international

Que ce soit par des projets ou par des personnes, il y a une réelle implication des sénégalais dans le développement de l’écosystème à large échelle. Vous entendrez régulièrement parler de Tidiane Deme de ParTech Ventures, de Marième Diop d’Orange Ventures, d’Eva Sow précédemment à CTIC Dakar, et d’autres personnes encore qui sont positionnées de par et d’autres sur l’échiquier « Entrepreneuriat numérique/Technologique » en Afrique. Ces jeunes sénégalais mis ensemble, constituent ainsi une belle force de lobbying qui pèse quand même à travers leurs différentes positions pour faire valoir ce milieu au Sénégal. Et les startups sénégalaises se font doucement mais sûrement de plus en plus entendre. Par rapport au Cameroun, je dirais que les profils d’acteurs reconnus dans le domaine de l’entrepreneuriat numérique sont moins diversifiés et restent encore très concentrés sur les entrepreneurs eux-mêmes. Je pense qu’on ne perdrait rien à étudier ce « positionnement » sénégalais.

 

  • Un profil professionnel plus mature

Je vous parlais au début de ces jeunes hommes, tous frais et tous clinquants qui font de bons ambassadeurs de l’entrepreneuriat numérique au Sénégal… Oui, ils sont jeunes et tout, mais attention, la plupart de ceux que j’ai rencontré ont en moyenne 3 à 5 ans d’expérience dans leur domaine. Ce ne sont donc pas des amateurs, ils ont bien roulés leurs bosses et faits leurs preuves.

De ce que j’ai vu pendant ces 3 jours d’immersion, le portrait de l’entrepreneur sénégalais ayant une situation stable et dont les activités semblent prospères, de même que celui des responsables dans les structures d’accompagnement répondent à peu près ce profil:

  • Agé(e) entre 27 et 35 ans
  • Issu(e) de la diaspora
  • Au moins 3 ans d’expérience

C’est sans doute ces éléments qui renforcent encore plus cette image de « bobo » et de « hype » que j’ai eu sur l’entrepreneuriat numérique au Sénégal. La diaspora camerounaise commence à rentrer au pays, mais le niveau de représentation et surtout de participation semble encore faible précisément au niveau de l’entrepreneuriat numérique. Surtout qu’il ne faut oublier que la diaspora représente une valeur économique en termes de sources d’investissement qu’il ne faudrait pas négliger.

 

  • Leader des pays francophones en Afrique pour le financement des startups

Selon cet article publié par l’Agence Ecofin sur le Top 10 des pays africains ayant attiré le plus de financement en 2017, les startups au Sénégal ont levé 10,7 millions USD mettant ainsi le pays de la Teranga à la 8ème place de ce classement. Le Cameroun par contre, vient en 10ème position, avec seulement 2,7 millions USD mobilisées par les startups camerounaises. Ce classement ferait donc du Sénégal le pays africain francophone ayant attiré le plus de financement en 2017 (hormis le Rwanda, étant de plus en plus considéré comme un pays anglophone). De plus, si au Cameroun, de nouvelles startups ont du mal à faire parler d’elles depuis un petit bout de temps, celles aux Sénégal se font de plus en plus connaître et récompensées. C’est par exemple le cas de la startup OWNLABS qui en plus d’avoir été finaliste du Prix Orange de l’Entrepreneur Social au Sénégal, est sortie gagnante du « Ericsson Innovation Awards 2018 » . Mieux encore la start-up sénégalaise Sudpay a obtenu en mars une subvention de 184 millions de francs CFA de l’Ecosystem Accelerator Innovation Fund lancé par la GSMA.

 

 

 

En bref…

En faisant un bilan, il faut dire que de l’extérieur l’écosystème Tech entrepreneurial sénégalais séduit. J’avoue que ce séjour au Sénégal m’a donné des idées, j’y ai vu une terre pleine d’opportunités et de possibilités. Mais… Ces 5 points restent ce que j’ai pu voir à la surface. C’est toujours plus intéressant de s’y frotter d’un peu plus près pour en avoir le cœur net. En causant avec Armelle, une camerounaise vivant au Sénégal depuis près de 8 ans, j’ai eu le sentiment que cette impression générale positive que j’ai eu pendant mon séjour était bien partagée par elle aussi.  De plus, il faut reconnaître que l’environnement sénégalais semble plus favorable ou même favorisé pour un développement autour de la technologie. Là-bas, c’est plus studieux, plus structuré avec plus de volonté de faire bouger les choses par chaque partie de ce milieu. Mais en restant dans la position d’un étranger qui va se lancer dans les affaires au Sénégal, il faut bien prendre le temps de mûrir son projet, de penser aux aspects socio-culturels qui influenceront sans doute votre expérience au Sénégal, de consulter les personnes et surtout les étrangers qui y vivent pour avoir le maximum d’éléments vous permettant de vous décider.

 

Dakar Policy Hackathon - Eva - Les Marches d'Elodie

Photo Credit: Dakar Policy Hackathon

 

Sinon si vous êtes à Dakar que vous cherchez des espaces de travail et lieux de rencontre des entrepreneurs, rapprochez-vous de JokkoLabs et de Impact Hub Dakar.

Merci à Lionel qui a partagé ce tweet avec moi sur Twitter après avoir lu mon article présent (publié le 09 Août 2018, mis à jour le 27 Août 2018). Comme quoi, mes impressions peuvent être bien fondées et mon analyse a été assez juste.

 

 

 

Sinon, personnellement je pense que si j’avais encore quelques années en moins, j’aurai peut-être exploré la possibilité de m’installer au Sénégal. Mais sait-on jamais, je pourrais toujours être tentée si l’occasion se présentait… . Lors de mon premier voyage à Dakar en Janvier 2017 pour la formation du YALI RLC de Dakar, c’est bizarre mais je n’avais pourtant ressenti aucun intérêt pour ce pays. Mon séjour à l’époque m’avait laissé presqu’indifférente. Mais après ce séjour-ci, j’ai vu les choses autrement. Dans les prochains articles, je vous raconterai comment j’ai passé mon séjour (purement professionnel) et je partagerai avec vous, un coin que j’ai pu quand même découvrir, dans mes marches à Dakar… . En attendant de lire vos avis sur l’écosystème Tech camerounais et/ou sénégalais dans la section des commentaires… Je vous dis, à très vite!

 

Les Marches d'Elodie - Dakar Policy Hackathon - Tech Hubs - i4Policy

Mes compagnons de voyage, parmi les observateurs du Dakar Policy Hackathon: Joy Ajuluchukwu (Colab Innovation Hub) & Linda Bonyo (Bonyo Mwongela & Company Advocates) – Photo Credit: Dakar Policy Hackathon

 

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